La détermination d'un modèle géotechnique robuste à partir des mesures de paramètres de forage est l'un des enjeux des sondages géotechniques. Les enregistrements des paramètres de forage permettent d'avoir une grande quantité de données (mesures à chaque centimètre) à l'instar du CPT. En outre, ils présentent l'avantage sur ce dernier de pouvoir identifier les échantillons de terrains en cours de forage et de pouvoir traverser tous les types de sol, des argiles molles aux massifs rocheux durs. Ces paramètres consistent en la mesure de la vitesse d'avance de l'outil, la poussée exercée par la machine, la vitesse de rotation imposée à l'outil et le couple correspondant et enfin le débit du fluide de forage et la pression d'injection correspondante. La mesure de la percussion sur le marteau hydraulique dans le cas d'un forage en roto-percussion est possible bien que difficilement réalisable et interprétable.
L'interprétation de chaque paramètre isolément, comme la vitesse d'avancement ou la poussée sur l'outil, peut être difficile car ces paramètres peuvent varier considérablement dans chaque couche de sol en raison de l'hétérogénéité naturelle du milieu, la configuration de l'équipement lui-même (diamètre, puissance maximale etc.) et l'introduction de bruit lors des enregistrements par les vibrations induites par l'outil de forage au contact du sol.
Plusieurs auteurs proposent l'utilisation de paramètres composés comme l'énergie spécifique, la résistance à la pénétration et l'indice d'altération en parallèle avec un filtrage spécifique pour permettre de mieux interpréter les données et d'assigner une signification physique aux valeurs mesurées. Ces paramètres composés ont été développés sur la base de corrélations simples ou avec pour objectif de normaliser les paramètres trop influencés par les conditions de forage ou encore dans la volonté d'évaluer le travail ou l'énergie mise en œuvre pour détruire le sol sous l'action de l'outil de forage.
D'autres auteurs proposent en complément des algorithmes pour normaliser et automatiser l'interprétation des diagraphies en identifiant des zones homogènes ou la probabilité pour un point d'appartenir à une certaine couche. Si à l'origine, ces méthodes avaient pour but la localisation des horizons pouvant être injectés en cours de travaux, le travail présenté dans cette communication s'intéresse plus à la capacité de tels outils de construire un modèle géotechnique fiable pour la conception des ouvrages.
Cet article présente une comparaison des différentes méthodes d'identification des couches du sol à partir de diagraphies instantanées proposées dans la littérature. Par exemple, Girard (1985) a analysé sur plusieurs sondages des couches homogènes pour déterminer une corrélation entre les paramètres enregistrés et une résistance de forage liée à la résistance à compression simple lors que Wu et al. (2022) proposent une analyse de la pente du graphe profondeur - temps pour visualiser les limites entre les couches.
L'évaluation de la structure lithologique peut être réalisée à travers différents méthodes analytiques et statistiques avancées. Duchamps (1988) a proposé d'utiliser des méthodes statistiques comme le krigeage, l'analyse variographique et les fonctions d'autocorrélation pour analyser les diagraphies. À son tour, Amokrane (1988) a proposé le test de Student (t-test) pour déterminer les zones statistiquement homogènes des enregistrements. Finalement, Moussouteguy (2002) a analysé la probabilité d'occurrence des valeurs enregistrées pour chaque couche à partir d'un profil lithologique préliminaire avec l'enjeu d'affiner ce profil préliminaire. Des diagraphies des chantiers réels seront utilisées pour comparer et qualifier ces méthodes, en analysant leurs avantages et inconvénients.