Inventaire et analyse des indices karstiques du bassin versant de la Retrève (45)
Gildas Noury  1@  , Alexis Gutierrez  2  , Florian Masson  2  , Daniel Langlois  3  , Claire Brugeron  2  , Hélène Bessiere  2  , Rosalie Vandromme  2  , Anne-Gaëlle Mothe  2  
1 : BRGM
Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Ministère de la Transition écologique et solidaire, Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie
3 avenue Claude-Guillemin BP 36009 45060 Orléans Cedex 2 -  France
2 : BRGM
Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Ministère de la Transition écologique et solidaire, Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie
3 : Groupe Spéléologique Orléanais
Groupe Spéléogique Orléanais

Au printemps 2016, la vallée sèche de la Retrève située au nord d'Orléans est inondée pendant une dizaine de jours lors d'un évènement pluvieux, évènement attribué depuis au changement climatique. L'inondation surprend, non seulement car il n'en est pas survenu depuis plus de 30 ans mais aussi car elle atteint un niveau jamais observé. Les dommages sont importants : l'autoroute A10 est coupée, les rues de plusieurs villes sont impraticables et plusieurs dizaines d'habitations sont évacuées, des effondrements liés à des cavités souterraines sont même observés. Une large étude est alors lancée pour mieux comprendre le fonctionnement hydrologique et hydrogéologique du secteur.

Le travail présenté ici s'intéresse à la configuration et au fonctionnement karstique de la forêt d'Orléans.

A cet endroit, le sol est en effet parsemé de dépressions naturelles liées à la karstification du substratum calcaire (altération globalement prononcée mais hétérogène des roches calcaires suite à leur dissolution par l'eau).

Un inventaire et une caractérisation de ces formes ont été effectués afin d'identifier leur origine et d'évaluer leur rôle potentiel dans l'engouffrement des eaux de surface vers la nappe de Beauce. Cette configuration leur confère en effet a minima un rôle de stockage des eaux arrivant sur le secteur, et, pour certains gouffres absorbant, un rôle supplémentaire d'infiltration.

- Une recherche bibliographique montre que l'existence de ces dépressions est connue de longue date, en particulier grâce aux premiers inventaires d'Archambault (1964) et de Lorain (1973), et surtout grâce à 70 ans d'observations du Groupe Spéléologique Orléanais (GSO). Les spéléologues, qui ont exploré ces gouffres en détail, apportent une contribution majeure au travail présenté ici (79 gouffres et dolines décrits sur le secteur étudié). De même, la Fédération Française de Course d'Orientation et le syndicat du Nan ont aidé à compléter cet inventaire.

- Cette connaissance de terrain a été précisée par l'analyse de deux images LiDAR, dont une acquise en 2019 dans le cadre de ce projet. Ces images fournissent un modèle numérique de terrain de haute précision. Plusieurs milliers de dépressions pluri décimétriques et endoréiques (sans exutoire), y ont été identifiées, pour en retenir, après un tri et des contrôles de terrain, un nombre de 820.

Ces 820 indices karstiques ont ensuite été caractérisés par des indicateurs morphologiques. Leur contour est généralement oblong (dimensions médianes : 30 m x 20 m) et leur profondeur majoritairement inférieure à 3 m (médiane 0.9 m). Cette statistique approximative ne doit cependant pas masquer d'importantes disparités :

- Leurs volumes s'étalent ainsi globalement entre 15 et 2000 m3 et atteignent plusieurs dizaines de milliers de mètres cubes pour les plus grandes formes. Les quatre « méga-structures » des Ravins des Grands Gouffres, des Fosses Guillaume, des Gouffres des Pas-Ronds et des Orfosses Mouillées cumulent à elles seules un volume de 146 000 m3, soit près du quart du volume total des 820 indices karstiques retenus.

- Leur densité moyenne est de 11 indices par km² mais on remarque qu'elles sont plus nombreuses à proximité des vallées sèches qu'à proximité des lignes de partage des eaux (probablement du fait de sollicitations plus fortes à ces endroits) ou que dans les zones anthropisées (peut-être du fait de rebouchages systématiques dans ces secteurs).

L'analyse des pentes autour du point le plus bas a enfin été utilisée pour distinguer les gouffres (qui absorbent de l'eau par une perte en creux) des dolines à fond plat où l'infiltration est lente ou inexistante (formant alors des mares). Ces deux catégories jouent un rôle différent sur le comportement hydrologique de la vallée sèche de la Retrève et sur l'hydrogéologie du secteur.


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